Puissance
Bon, je vais l'admettre, mais je crois que j'ai une fascination pour les rapaces. Pour moi c'est le symbole même de la liberté, de la puissance. J'ai l'impression que rien ne pourra jamais les atteindre. Un peu comme les félins qui nous paraissent toujours en contrôle et surs d'eux. Ils semblent être au-dessus de tout et de tout le monde.
Puissance - Pygargue à tête blanche
J'ai vécu un moment incroyable. J’étais parti pour regarder le coucher de soleil à mon endroit préféré. Le long des sentiers de l'Estrie, il y a un marais, le marais de Kingsbury. Et sur ce sentier, il y a un endroit où il y a un point de vue. Rien de luxueux, pas de grandes montagnes, pas de falaise, pas de cascades de chutes d'eau ou quoi que ce soit dans le genre. Juste un lac et un marais, MAIS, il y a une place qui regarde plein ouest. On peut y voir le lac, et surtout, le coucher de soleil pour seul compagnon.
Sauf quand comme moi, on a de la chance (et aussi de l'obstination). Je me suis retrouvé ce jour-là sur mon rocher pour regarder un coucher de soleil que je savais très bien, ne viendrait pas, mais j'avais l'espoir de vivre une rencontre.
C’est ce genre de moment qu’on peut vivre dans ce marais.
Il faisait froid et j'attendais. L'espoir me disait qu'on pourrait toujours voir une éclaircie, juste un petit rayon qui traverse ce ciel gris blanc. Mais tout le reste de mon corps me disait de rentrer, ça ne sert à rien d'attendre plus longtemps dans le froid. Le duel classique entre le cœur et la raison. L'un est toujours plein d'espoir et l'autre a plus les pieds sur terre. Je vous laisse deviner qui est qui.
Retour à moi et mon rocher, comme je suis un gars super intelligent, je n'ai rien pris pour m'asseoir sur ce fameux bout de rocher, faque j'ai le cul gelé... J'ai bien essayé de mettre mon sac, mais au bout d'un moment, tout refroidi. Pas grave aujourd'hui, je me sens capable d'attendre et de supporter le froid.
Le voila, dominant le ciel. Pygargue à tête blanche.
Et quelle chance, je vois le rapace au loin qui s'approche de ma position. Je le vois qui grossit de plus en plus dans mes jumelles. Je fige. Je me sens tout petit face à ce rapace. Dès qu'il est plus près, je commence à le photographier. Je ne l'ai pas lâché de vue. Il vole quelques instants au-dessus du marais. Plus aucun bruit aux alentours, le roi du ciel rodé, tout le monde se méfie. Le pygargue impose le respect juste par sa présence et son charisme. Je continue de le photographier jusqu'au moment où il s'en va derrière la cime des arbres. Je le vois encore au travers des pins, des épinettes et des quelques bouleaux.
Le voir survoler le marais et moi même, ça fait quelque chose quand même.
“Encore merci à la nature pour cette opportunité qu'elle m'a offerte, une fois de plus, elle nous récompense quand on l'attend la moins.”
Et le voilà complètement disparu de mon champ de vision, me laissant seul, toujours sous le choc d'avoir pu croiser son chemin. Un moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Merci pour ce moment qui restera à tout jamais dans ma mémoire.
Il n'y aura jamais eu de réel coucher de soleil. J'avais froid. J'étais humide, les fesses gelées, mais tellement heureux, mon cœur était léger, mon âme en paix. C'est ce genre de rencontre auquel tu penses quand ça devient dur sur le moral et que tu remets tout ce que tu fais en question. Encore merci à la nature pour cette opportunité qu'elle m'a offerte, une fois de plus, elle nous récompense quand on l'attend la moins.